J'ai exercé la profession d'assistante sociale de secteur pendant 21 ans, puis, à partir de 1993, celle d'agent de développement social le reste de ma carrière dans un quartier dit « difficile » dans le sud de la Seine et Marne. Je travaillais sur projet en partenariat avec des instits, des éducateurs spécialisés, des travailleuses familiales etc. Travail ô combien passionnant, mais manquant à l'époque cruellement de repères. De très nombreuses questions étaient sans réponses et m'obsédaient.
C'est en août 2006 que j'ai fait la connaissance de Paul le Bohec au stage de Belley. J'ai su tout de suite en l'écoutant et en le voyant agir qu'il pouvait apporter des réponses à mes questions de travailleur social. Nous avons alors entamé un long échange épistolaire. Je lui posais des questions lui demandant son avis sur le travail que je faisais avec les enfants et les parents dans la rue ou au centre social. En retour, il me proposait des pistes de travail qui m'ouvraient des horizons incroyables, entre autres, sur la multiplicité des langages et les vertus de l'expression-création.
J'ai ainsi pu approcher Paul le Bohec de près, le côtoyer pendant deux ans, jusqu'à lui tenir la main alors qu'il expirait (janvier 2009). C'est une chance qu'il m'a été donné de vivre. Paul est mort comme il a vécu, en riant de ce qui lui arrivait, en accueillant son départ sans peur. Un vrai chemin d'humanité ! Une lumière qui éclaire encore mon chemin.
Dans la foulée, j'ai participé à de nombreux stages Freinet dans l'espoir de comprendre le mouvement auquel Paul était très attaché, mais aussi pour mieux le comprendre lui. Tant de mystères demeuraient ! Cela allait me demander du travail. Mais qu'importe. J'étais animée par un puissant désir de pénétrer son message à la fois complexe et simple, tellement proche de l'humain universel, que cela ne m'a pas été difficile.
En effet, pour accomplir ce travail, j'ai eu eu la chance de rencontrer Monique Quertier dont Paul disait « c'est la seule à m'avoir vraiment compris ». Habitant seulement à 100 kilomètres l'une de l'autre, distance facile à parcourir avec les transports parisiens, cela m'a facilité la tâche. Elle m'a aidée à approfondir la pensée de Paul, et elle continue de le faire. Je l'en remercie grandement.
« Océan articles » est issu d'un double désir exprimé par Paul le Bohec : celui de laisser une dernière trace de sa pensée après son œuvre-testament : « L’École réparatrice de destins ? », mais aussi celui que l'on puisse y accéder gratuitement.
Merci donc à Monique Quertier d'avoir accompli cet énorme travail, non seulement de mise en forme, mais aussi d'analyse des contenus au moyen des mots-clefs qu'elle a identifiés article après article permettant ainsi au lecteur de naviguer selon ses questionnements sur les quelques 300 articles que Paul a rédigés de 1951 à 2008, soit sur 57 années de vie.
On peut donc, indifféremment, les lire par ordre chronologique se donnant ainsi la possibilité d'observer, sentir l’évolution de la pensée et les tâtonnements de l'auteur, ou à partir des mots-clefs à partir d'une attente précise.
Voilà un outil formidable qui vous est proposé.
Mise en garde : si vous mordez à l’hameçon de la pensée de Paul, attention, vous êtes FOUTUS !
Francine TÉTU