Tout le monde se régale de cette expression. Elle est dans toutes les bouches. On s’en délecte, on la savoure, on la déguste des lèvres et des dents.
Mais chez moi, elle sonne comme ce « doyenné de juillet » qui donne les premières poires de l’été. Parce qu’en fait, il s’agit d’une éducation à la concitoyenneté. Car ce truc ne marche que sur une jambe. On n’y considère que « l’être dans le groupe » sans avoir absolument souci de l’être individuel, de « l’être pour lui-même ». Il doit vite apprendre à se positionner juste, sinon, il devra rendre des comptes.
Mais si, malgré les condamnations successives, il continue parfois à faire des écarts par rapport aux règles « établies » par le groupe, c’est justement pour lui une façon de parler, de protester parce qu’on ne lui a pas permis d’abord d’exister. Alors, c’est comme cela qu’il existe d’abord. À défaut. Mais a-t-il d’autre solution ?
C’est clair que sur une seule jambe, ça ne peut pas marcher.
Paul Le Bohec
Texte paru dans Coopération pédagogique N°103, mai 1999
Texte diffusé préalablement sur les listes de diffusion ICEM