J’ai été surpris de trouver dans la B.E.M. : « Classe de neige » (Bibliothèque de l’École Moderne N°2, juillet 1960) les passages suivant consacrés aux mathématiques, alors que, dans le mouvement, on en était tous au seul calcul vivant :
« Il est indéniable que chaque enfant a pour ainsi dire son style mathématique comme il a son style littéraire, sportif. Il est des enfants chez qui l’imagination mathématique est fulgurante, décisive ; d’autres chez qui elle est comme perdue dans les brumes, prête à éclore et à ouvrir ses ailes, mais point encore dégagée d’une intuition globale. Le tout est de faire affronter les mêmes difficultés à des esprits si différents. » (p.47)
« Allégée des épreuves d’un calcul mécanique devenu désuet à l’époque de l’électronique, l’imagination mathématique ferait la preuve que la vitesse est le signe premier de l’activité mathématique. Si, au lieu de travailler sur les chiffres – derrière lesquels toujours le pédagogue cache le contrôle – l’enfant, comme le mathématicien, travaillait sur des symboles, l’on se rendrait compte des possibilités prodigieuses de l’enfant dans un domaine où l’on doit rêver avant de comprendre. » (p.49)
« C’est un jeu passionnant d’être mathématicien comme c’est un jeu passionnant d’être artiste. » (p.52)
Ce n’est que cinq ans après que j’ai songé à appliquer la méthode naturelle aux maths. Au début, Élise se rangeait plutôt du côté de Freinet et de Beaugrand qui s’appuyaient sur le réel, mais elle m’encouragea à poursuivre car elle sentait que, là aussi, la méthode naturelle pouvait donner toute sa mesure.
Paul Le Bohec
Texte paru dans le Bulletin des Amis de Freinet N°71, Juin 1999, p.23