J'ai bien apprécié le discours de Muriel Quoniam au salon de Nantes. Son analyse me semble parfaitement juste. Je n'ai envie de revenir que sur un seul mot : l'école libéralisée. Il serait, à mon avis, plus exact de dire l'école libérale, c'est-à-dire l'école inscrite dans le système capitaliste, fonctionnant sur la base de la concurrence et de l'argent. Il semble que tout semble fait pour casser l'école publique qui a l'inacceptable caractéristique d'être gratuite. On a déjà réduit les horaires tout en augmentant les exigences. C'est pas possible que Darcos ne soit pas sensible à tous les arguments qu'une grande quantité de gens qualifiés lui fournissent. Non il fonce comme un ministre. (C'est le nom que des paysans d'autrefois utilisaient quand ils parlaient de leur âne.) Mais il sait ce qu'il veut et Philippe Meirieu nous l'a déjà dit par internet que ce qui se pointe, c'est l'école libérale. Alors, seuls pourraient bénéficier d'une formation valable ceux dont les parents pourraient la payer. Et la menace est grave. Ceux qui veulent avoir une idée de ce qui pourrait se passer n'ont qu'à lire sur le site www.archives.asso-amis-de-freinet.org/lebohec/ l'article qui traite du génocide culturel. Le mot n'est pas trop fort parce qu'il s'agit de dizaines de millions de gens qui sont restés à la porte de la culture parce que le jour J de l'examen, ils n'avaient pas fait moins de cinq fautes à la dictée.
Et ils avaient intégré l'idée qu'ils ne valaient rien.
Mais ceux qui réussissaient n'étaient pas mieux lotis. Dans notre classe de certif, nous étions 55 et 54 reçus. Qu'est-il sorti de cette promotion ? Trois instits et deux employés des impôts dont un cadre. Et presque tous les autres sont devenus cheminots comme leur père. Et, dès le lendemain de l'exam, ils ont posé définitivement le porte-plume. Ils ne l'ont même pas repris pour les lettres de bonne année parce que c'était les femmes qui s'en chargeaient. Ils savaient pourtant écrire correctement le français, mais l'école ne s'était préoccupée que de la forme et non du développement de leurs idées. Pourtant, peut-être plus encore que ceux qui étaient choyés, ils avaient beaucoup à dire.
Avec cette destruction de l'école publique, ce serait la même chose, seuls les happy fiew s'en sortiraient, les autres restant sur la touche.
Vigilance, vigilance, il faut résister. Nous en avons les moyens. Et nous ne serons pas les seuls car des quantités de personnes sensées ne sauraient accepter ce qui se trame souterrainement sous le prétexte hypocrite de vouloir aider les enfants. Muriel le dit d'ailleurs très bien dans son texte.
Vigilance, vigilance et actions et réactions.
Paul Le Bohec