Réaction à l’article « Mathématisation et manipulation » publié dans l’éducateur n°6 du 20 décembre 1975
Première remarque : Dans la vie, il n’y a pas que la base 10. Les jours se comptent en base 7, 31 jours c’est 43. Le temps se compte aussi en base 60 ou 24. Les œufs en base 12… ou 6…
Deuxième remarque : Il s’agit dans cet article uniquement de mathématique vivante qui est une extension du calcul vivant d’autrefois.
D’une part, il n’y a pas que les nombres dans la mathématique : il y a tant de situations mathématiques en dehors de la numération. Mais c’est vrai qu’on est mal formé à les entendre.
D’autre part, dans cet article, il n’est fait aucune référence à l’expression, à la création mathématique. Pourtant on peut fonder l’enseignement des maths uniquement sur les apports des enfants, à condition qu’on ne se contente pas des situations de la classe mais qu’on y comprenne également leurs créations. Alors c’est une toute autre chose, on est débordé.
Évidemment, si on ne prend pas le parti-pris d’introduire les enfants à la création mathématique, on ne risque guère d’y déboucher.
Question : Est-ce manipuler que d’introduire à la création écrite, graphique, picturale ?
Si on s’abstient, est-ce qu’on ne laisse pas les conditionnements à la non-parole, à la non-création, manipuler les enfants, de l’intérieur ?
Acceptera-t-on toujours d’avoir peur ?
Paul Le Bohec
Texte paru dans l’éducateur n°15, rubrique courrier des lecteurs, 20 juin 1976, p.42