Navigation dans l'œuvre de Paul Le Bohec, pour une école réparatrice de destins
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Voyage Poésie

Réaction de Paul Le Bohec au dossier Voyage poésie (1)

J’ai lu deux fois ce dossier. Une première fois parce que je suis toujours attiré par cette question de la poésie à l’école. Et une deuxième fois pour répondre à la demande d’Henri Go qui espérait des réactions. Et cette fois je l’ai lu scrupuleusement ligne par ligne. Si je réagis maintenant, c’est en espérant que ça pourrait inciter quelques copains à relire également ce dossier car il est incontestable qu’une lecture superficielle ne saurait suffire à percevoir l’importance des questions qu’il pose. Si j’osais, je conseillerais même à ceux qui n’y ont pas encore mis le nez de commencer par cette bonne deuxième lecture.
Dans l’ensemble, je suis à peu près d’accord avec tout ce qui y est dit, aussi ce qui suit ne concerne que des remarques de détail. Mais certaines ont peut-être de l’importance car elles veulent contribuer à appuyer encore plus fort les idées qui sont émises dans ce dossier.

Si on sépare la poésie des autres techniques de vie, c’est peut-être parce qu’on les sépare en nous ! Et même si on veut axer, et s’intéresser à la poésie en une sorte de priorité d’axe fondamental, on commet peut-être une erreur, comme la vie qui est contradictoire : La poésie vous surprend au détour du chemin, dans une rencontre accidentelle de mots, dans un banal compte rendu. Elle circule dans l’objectif, le subjectif, la communication, l’expression profonde et saute d’un sillon à l’autre. Mais quand elle est là, il faut souligner sa présence, rapidement, comme ça en passant, et fuit ! Elle est déjà partie.

Qu’importe elle reviendra et on lui fera de plus en plus une place. Mais pour cela il faut que les enseignants aient appris (ou réappris) à jouir.

François Vétier demande :
« Comment parvenir à accroître ma propre acuité poétique ? »

J’ai envie de répondre en faisant référence à une expérience fortement enracinée :
En participant à des groupes d’écriture collective. Ils permettent plein de choses, par exemple de découvrir le plaisir de la vraie écriture, ou d’ensemencer sa propre vision du monde de la vision des autres. Et aussi d’échapper très vite à la tentation « d’obtenir un produit » pour se préoccuper de vivre principalement le moment.

La rencontre avec les poètes
Peut-être comme élément de provocation d’un choc. En fait, je ne sais pas trop. C’est vrai qu’on n’a pas assez de ressources propres. Il faut déclencher de l’extérieur. Mais j’ai tendance à réagir. Pourquoi existe-t-il des poètes ? Comme le dit Gentis :
« Des artistes professionnels ! Des philosophes professionnels ! Qu’est-ce que c’est cette connerie ? Comme si tout le monde ne pouvait pas être son propre artiste, son propre philosophe. Je réclame le droit pour le dernier des peigne-culs de chanter le monde à sa façon. »

Eh bien, allons-y voir...

Paul Le Bohec

Texte paru dans l’éducateur n°11, 1er mai 1983, p.2

(1) Voyage poésie, Dossier pédagogique de l’éducateur n°169, supplément à l’éducateur n°2 du 1er octobre 1982