Le numéro de septembre 97 est très intéressant. Mais je sens qu’on en est resté à l’idée de Freinet, idée qui se justifiait en son temps. Les communautés étaient alors totalement repliées sur elles-mêmes : pas de journaux, de téléphone, de radio, de télé... L’école était le seul endroit où l’on pouvait recevoir de l’information.
La correspondance agrandissait le cercle du monde, on connaissait d’autres vies et on comprenait mieux la sienne. Aussi, l’aspect communicationnel de la langue était nécessairement premier.
Les temps ont changé. L’information envahit tout. Les enfants doivent d’abord apprendre à la traiter. L’information créée en classe constitue le premier des cercles concentriques des échanges.
Et le champ de la langue pourrait être maintenant beaucoup plus ouvert.
Quand j’ai élargi le champ de l’expression, l’utilisation que les enfants du second cycle ont fait de l’écrit m’a dérouté. Des événements locaux et exceptionnels comme la marée noire n’apparaissaient pas sur la feuille blanche. Alors, j’ai dû accepter le « texte libre... libre » qui fait aussi sa place à l’expérimentation sur la langue, au jeu, à la création poétique, à la métalinguistique, à l’expression profonde...
Maintenant, on peut encore réussir son enseignement par la correspondance, le journal, la télématique... mais ce n’est plus aussi indispensable. Les enfants d’aujourd’hui, très souvent percutés par la vie, doivent pouvoir librement disposer de l’outil qu’on leur a permis d’acquérir.
Paul Le Bohec
Texte paru dans le nouvel éducateur n°94, rubrique courrier, décembre 1997, p.31
Réaction au nouvel éducateur n°91 de septembre 1997