Navigation dans l'œuvre de Paul Le Bohec, pour une école réparatrice de destins
Navigation dans l'œuvre de Paul Le Bohec, pour une école réparatrice de destins

Quels chemins, quels processus pour une étude de la langue ?

Pendant que le deuxième groupe était occupé, chaque enfant écrivait un texte et levait la main dès qu’il avait fini. Très rapidement je le corrigeais.

Au début, je réécrivais entièrement le texte puis progressivement, les formes s’installaient.
Face à une graphie incorrecte, aucune panique : je proposais à l’enfant de recopier trois fois un mot ou deux « s’il le voulait, pour mieux le savoir demain ».
Il calligraphiait tranquillement son texte sur le beau cahier et il l’illustrait. Et ceci, chaque jour pour chaque élève pendant deux ou trois années.
Puis venait en troisième vague la copie du texte du jour que l’on avait rapidement mis au point.
Et on copiait également « la chasse aux mots », c’est-à-dire le condensé des remarques sur la langue faites à l’occasion. Et en outre, on s’imprégnait aussi du texte de l’autre groupe. C’était là tout notre français écrit : une accumulation considérable de faits de langues (1), une imprégnation constante de formes correctes et un développement en continu dans une communauté d’une expression plurielle.
À cela s’ajoutait sur le plan oral des créations littéraires collectives, des monologues, des dialogues, des discussions, des chants libres, bref tout ce qui concernait également toutes les dimensions de la langue.

Paul Le Bohec

Texte paru dans le nouvel éducateur n°115,
dossier « Vers une méthode naturelle d’étude de la langue, janvier 2000, p.6

(1) À lire : LE BOHEC Paul, Rémi à la conquête du langage écrit, Éd Odilon, 89100 Nailly, 1998