Un groupe Formation Méthode naturelle s’est constitué au congrès (Grenoble août 1981). Il s’est proposé de se placer au niveau du troisième stade d’apprentissage : faire. Il voulait agir la méthode naturelle (MN) pour en découvrir les composantes et savoir dans quel sens il fallait lutter pour obtenir de meilleures conditions de sa réalisation. Pas question de régresser au premier stade : celui de la seule information. Cependant si l’information apporte peu de savoir utile, elle a tout de même le mérite de placer dans un certain champ. Alors, à tout hasard, bien que nous restons convaincus qu’il vaut mieux faire et inventer, nous donnons un compte rendu de nos activités.
Première séance :
Mathématique libre. Chacun a réalisé une création puis l’a portée au tableau. Ensuite nous avons examiné collectivement l’ensemble de la production. Et nous avons commencé à discerner les phénomènes de groupe.
Deuxième séance :
Lecture. Chacun a créé une phrase dans un espéranto qu’il inventait. Phrase traduite par des espérantistes, recopiée, puis portée au tableau pour examen collectif. La puissance du groupe pour la découverte des lois a été clairement mise en lumière. Puis des textes en sténo ont mieux permis de placer les participants dans la situation d’apprentissage de la lecture des enfants.
Troisième séance :
Corporel (dialectique et globalité). Nous avons vu comment fonctionnent, naturellement, des individus et un groupe par montées vers des saturations parallèlement accompagnées de montées vers des frustrations qu’il fallait bien prendre en compte (dialectique = unité des contraires). Mais toute action est faite de composantes diversifiées. Et lorsque le balancier revenait en arrière c’était toujours dans un domaine non encore exploré.
Dialectiquement, la saturation corporelle a permis une certaine théorisation, elle-même suivie de la mise en place impromptue d’un groupe de création écrite où l’on a vécu la sécurité que donne l’expression collective (cette expérience s’est complétée le lendemain).
Quatrième séance :
Plus proche encore d’une théorisation vécue.
Première expérience :
Création d’un vécu affectif fort autour des mots : mimétisme d’acquisition, la maladie et ça, l’hyper complexité, en écrivant, chantant et dessinant collectivement. L’hypothèse de départ sera-t-elle vérifiée ? La coloration affective ajoutée à ces mots suffira-t-elle à déclencher des sensibilisations, des intérêts, des mémorisations autour de ces trois idées-clé ?
Seconde expérience correspondant à une hypothèse beaucoup moins hasardeuse et déjà vérifiée.
Application de la technique des feuilles tournantes non plus à l’expression mais à un travail collectif de théorisation.
Un deuxième tour nous aurait permis de procéder à un recensement des composantes de la MN. Mais il eut été prématuré. Le seul fait pour chacun d’avoir eu quelques lignes à écrire l’a obligé à commencer à organiser ses idées pour communiquer. Donc chacun se trouve ainsi muni d’un noyau de condensation de sa théorisation. On va voir ce qui va se passer maintenant, à l’issue de cette expérience de formation à laquelle ont participé, de plus ou moins près, une quarantaine de camarades.
Paul Le Bohec
Texte paru dans l’éducateur n°4-5, 1er décembre 1981, p.35