Navigation dans l'œuvre de Paul Le Bohec, pour une école réparatrice de destins
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Brevets et chefs-d’œuvre

Un problème, deux solutions

Le Problème
Comment arriver à obtenir des enfants une tension constante pour l’obtention de leurs brevets et comment contrôler de façon permanente le travail réalisé et celui qui reste à faire.

La solution
Matérialiser les graphiques de manière à ce que l’enfant et le maître puissent voir, en un clin d’œil, quelle est la situation.

Une mauvaise solution
C’est celle que je préconisais l’an dernier : pointes clouées sur une planche et marques individuelles accrochées à ces pointes. Ce procédé a pour inconvénient de faire perdre du temps lorsqu’il faut prendre la marque qui se trouve recouverte par les autres. Et d’autre part, il n’est pas très lisible. Il existe heureusement :

Une bien meilleure solution :

La grille des brevets
J’ai obtenu de la mairie la pose de quatre planches de contre plaqué entre mes fenêtres : soit quatre planches de 1m de haut sur 1,40m de long.   La longueur importe peu mais je me réjouis du mètre dans le sens vertical. J’ai quadrillé, à la craie, la surface de ces panneaux, comme pour démontrer la surface du m2 = 100 dm2.
J’ai un panneau de français et un panneau de calcul et divers ; ceci pour chacun de mes cours (CP et CE1). J’ai donc la possibilité, pour chaque cours, de mettre en route une trentaine de brevets (a, b, c, d, etc.)

Les brevets
Mes brevets sont uniformes : je me suis arrangé cette année pour qu’ils comportent tous 10 marches (dix épreuves). Ex. pour la lecture :

a) reconnaître un mot, 2 mots... 10 mots
b) reconnaître une lettre, 2 lettres… 10 lettres
c) lire un album, 2 albums… 10 albums
d) savoir écrire un mot, 2 mots… 10 mots, etc.

Je les ai notés sur un bristol quart de fiche (6cm x 10cm) que j’ai fixé en haut de chaque colonne. Je les ai ainsi à ma disposition, en permanence. Je peux les consulter rapidement.

Les marques
J’ai acheté une pochette de papier gommé (pour travail manuel).  Elle contient une douzaine de couleurs différentes (et agréables). Chacun des 24 enfants de ma classe choisit sa couleur (12 au CP, 12 au CE1) et j’en découpe des centimètres carrés que je fixe légèrement sur la planche, que je ferai grimper le long de la colonne.
Et c’est tout.

Résultats
Excellents. II y a une frénésie de travail surtout au CP (brevets-escaliers) où les progrès sont très rapides. Les enfants essaient de « rentrer leur auto dans le garage » et ils veulent en rentrer le plus possible.

Quelques réflexions
Ce qui séparait Delbasty de Bertrand sur la question des brevets, c’est que le premier parle surtout des brevets au cours élémentaire et le second des brevets au cours préparatoire.
Je comprends très bien les deux points de vue parce que j’ai un CP-CE1. C’est d’ailleurs en pensant aux escaliers de Bertrand que j’ai réalisé cette grille des brevets. II s’agit surtout, au CP, de lancer les enfants sur toutes les voies de la connaissance.
Celui qui sait lire un mot, deux mots, 10 mots ira bien au-delà de ces 10 mots. De même pour les 10 livrets,  les 10 albums, les 10 textes libres,  les 10 expériences,  les 10 découvertes, les 10 faits historiques. Le panneau du CE1 devrait permettre à Delbasty de marquer d’une pierre blanche la réussite de ses enfants dans les divers domaines. Pour compléter ceci, il faudrait passer à l’étalonnage de nos brevets. Mais ils peuvent être très ouverts  dans les petites classes surtout.

Paul Le Bohec

Article paru dans l’éducateur n°5, 1er décembre 1959, p.367-368