Je viens de lire avec étonnement le n°49 du Nouvel Éducateur (mai 1993). Mais quand sortira-t-on de cette glaciation, de cette obsession de l’évaluation ?
On peut comprendre qu’il soit nécessaire, pour le maître, les parents, les enfants, de faire parfois le point. Mais quand cette préoccupation envahit tout le champ, ça confine à la maladie, à la folie.
L’ICEM a beaucoup travaillé sur la didactique. Mais il quitte son territoire propre s’il se réduit à cela. Nous ne sommes pas que des techniciens de l’éducation. Ou alors, nous sortons du « freinétisme » qui prend l’enfant dans sa globalité, dans sa totalité. La vie doit se vivre prosaïquement, c’est vrai. Mais également poétiquement. Sinon ce n’est qu’une moitié de vie.
Pour affronter la complexité de la vie, il faut une éducation complexe. Il n’est pas du tout prouvé que les connaissances s’acquièrent de façon programmée et additive. Elles reposent sur l’individuel, le social, l’historique, l’environnement, le spirituel, le cérébral… et surtout l’affectif. Placé devant son planning à remplir, l’enfant se trouve robotisé. C’est grave pour son présent et son avenir.
Paul Le Bohec
Texte paru dans le nouvel éducateur n°52, rubrique courrier, octobre 1993, p.31