Je reviens avec retard sur l’exposé de Luc Ferry à « Des racines et des ailes ». Ça reste d’actualité, à moins qu’il n’ait remis depuis encore un peu plus d’eau dans son vin.
Positif :
– Enfin, il reconnaît qu’il s’est trompé au sujet de la méthode globale : 99% des instits ne la pratiquent pas ! – Ceci à la grande surprise de Jack Lang, de Maschino et des profs de philo pétitionnaires qui aboyaient à vide devant de l’inexistant. –
– Il insiste sur le fait que l’âge de la maturité-lecture est variable suivant les enfants (entre 5 et 8 ans). On peut prendre le temps qu’il faut. Vouloir accélérer les choses, c’est souvent les ralentir. Ni le maître ni les parents ne doivent stresser l’enfant.
– Il ouvre une enquête pour savoir si la réduction du nombre d’élèves pourrait avoir d’heureuses conséquences.
Négatif :
– La lecture, toujours objet de son assentiment ! L’important, c’est de développer l’aptitude à décoder la pensée de l'adulte. Et c’est tout. Pas de production, rien que de la consommation.
– Pourtant, nous savons par expérience que lorsqu’on s’appuie sur la dialectique codage-décodage des idées de l’enfant et de celles de ses camarades, les choses vont beaucoup plus vite. Et beaucoup de problèmes de dyslexie se trouvent alors réglés. Il ne s’agit pas d’apprendre à lire, mais à écrilire. Le but essentiel devrait être d’apprendre à penser. Et « c’est quand on commence à écrire qu’on apprend à penser. » (Ricardou)
– Le pouvoir académique se garde bien de faire connaître les expériences qui réussissent. « L’école ne serait-elle pas faite pour empêcher d’apprendre ? » (Roger Gentis). La connaissance ne doit être réservée qu’à « l’Élite ». Où irions-nous si l’école ordinaire permettait, pour soi et avec les autres, d’apprendre à penser et à se construire ?
Au 19ème, il fut une époque où les parlementaires prétendaient que lire était possible, mais que d’écrire était plus dangereux pour le peuple que la boisson.(Discours inscrits aux archives du parlement, communiqué par Didier Michon.)
Paul Le Bohec
Texte paru dans Coopération Pédagogique n°118, novembre 2002, p.28